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Le CDI du lycée professionnel Desaix de Saint-Eloy-les-Mines :

Des avancées vers le 3C pour aujourd’hui et pour demain

Par Floriane Jaud

Affectée durant mon année de fonctionnaire-stagiaire au LP Desaix (sections industrielles PLP, MEI, EDPI et Métiers de la mode-Maroquinerie), j’ai pu découvrir le monde du lycée professionnel et affiner ma vision des choses en ce qui concerne le rôle du professeur-documentaliste dans ce type de structure. Des expérimentations pourraient être approfondies ou testées.

Un lieu à apprivoiser

Le CDI, rénové en 2007, tient une position centrale dans l’établissement : accès direct sur le hall, proximité de la salle des professeurs et de la vie scolaire,… Il tire son originalité de sa forme longitudinale et de la présence d’un escalier central, conduisant auparavant à une mezzanine, devenue salle de vie scolaire jouxtant le bureau du CPE et des AED.

A mon arrivée, j’ai pensé que l’organisation de l’espace était à revoir et ne laissait pas assez de marge de manœuvre aux élèves. En

L’escalier vu depuis l’entrée

effet, à l’usage, j’avais remarqué que ceux-ci se dirigeaient d’emblée vers la rampe de postes informatiques mais ne continuaient pas leur chemin et ne se rendaient quasiment jamais vers le coin lecture ou la grande table de travail. J’ai souhaité faire de cet espace un lieu plus convivial, plus attractif, notamment en cloisonnant un peu plus les différents endroits du CDI pour lui donner une dimension de centre de connaissances et de culture. En disposant les grilles d’exposition autour du coin lecture et en dégageant les rayonnages des fictions, les élèves ont porté plus d’attention au reste de la pièce.

Au fur et à mesure de l’année, j’ai souhaité que l’escalier, qui m’était apparu comme un obstacle à la surveillance de l’espace au départ, devienne un atout. Sur les conseils de mon tuteur, nous avions pensé à le transformer en présentoir à nouveautés mais cela allait à l’encontre des consignes de sécurité. Les parois ont par la suite pu servir de supports d’exposition à des travaux d’élèves.

Une salle à exploiter

La réflexion qui subsiste concerne la salle de vie scolaire juste au dessus du CDI. Celle-ci pourrait être envisagée comme un lieu de transition entre 3C et vie scolaire mais aussi comme un autre lieu de travail pour les BTS de maroquinerie accueillis dès la rentrée 2015 dans l’établissement. Une perspective qui pourrait approfondir la dimension de Centre de Connaissances et de Culture que voudrait revêtir le CDI.

Un lieu à exporter

Malgré sa place stratégique dans l’établissement, le CDI restait trop peu présent dans la vie de l’établissement et manquait de visibilité. Pour palier à ce manque, le numérique a été un bon outil, sur un laps de temps restreint d’une année, pour augmenter cette visibilité.

Deux agrégateurs de ressources de type portails Netvibes (une interface élèves : http://www.netvibes.com/cdidesaix#Accueil et une interface professeurs : http://www.netvibes.com/claiflo#Francais-Lettres) ont été créés afin de faciliter les démarches de recherches documentaires, souvent faites de façon intuitives par tous les acteurs.

Afin de communiquer sur les actions entreprises par l’établissement (sorties scolaires, manifestations, forums,…) un journal en ligne (via un blog WordPress) a été mis en place, celui-ci étant accessible depuis la page d’accueil de l’ENT afin de rendre son accès facile à tous (https://lyceedesaix.wordpress.com/).

Des affichages papiers dans tous les couloirs de l’établissement ont également permis de tenir les élèves au courant des nouveautés présentes au CDI, cette affichage ne pouvant se faire en ligne par manque de portail documentaire type E-sidoc.

Etapes de la construction d’une fusée à eau

L’investissement du professeur-documentaliste dans les projets des plateaux professionnels a été un levier facilitateur de la visibilité du futur 3C. En effet, le professeur-documentaliste était encore trop considéré comme un partenaire seulement des enseignements généraux. La participation à des projets transdisciplinaires reste un atout de taille. Cette année, à la demande d’un professeur de maintenance, un projet alliant techniques professionnelles, savoirs de lettres et d’histoire mais également recherche documentaire ou encore compétences vidéo a été mis en place. Baptisé «projet fusée», l’idée était de réaliser dans les plateaux professionnels des fusées à propulsion à eau et d’étudier en parallèle la vision littéraire et historique de la conquête spatiale. Des diaporamas thématiques ont été réalisés au CDI et j’ai pu coordonner l’action d’un professionnel du montage vidéo intervenant dans l’établissement afin de réaliser un court-métrage documentaire d’une dizaine de minutes sur ce «projet fusée». Celui-ci s’est soldé par un voyage scolaire de deux jours à Toulouse dans les usines Airbus et à la Cité de l’Air et de l’Espace.

Un lieu à dynamiser

En lycée professionnel, la fréquentation du CDI et l’utilisation de ses services ne sont pas toujours spontanées ni naturelles. Il est nécessaire de questionner réellement quelles approches donner aux élèves et lesquelles seraient les plus bénéfiques à une hausse de fréquentation et d’utilisation. Rapidement, à la suite d’un questionnaire d’utilisation aux usagers, j’ai pu constater que les élèves ne considéraient pas le CDI comme uniquement un lieu de lecture mais souhaitaient en faire un lieu de culture, de partage, plus proche des missions d’un centre de connaissances et de culture.

De ce fait, lorsqu’une AED, également artisan dans le cuir et créatrice de sacs, m’a proposée de monter et de co-animer un atelier cuir pour les élèves internes le mercredi après-midi au CDI, j’ai tout de suite adhéré au projet. L’idée était simple : faire du CDI un lieu de travail manuel tout en exploitant la possibilité d’y faire des recherches documentaires, des tutoriels de fabrication, etc. dans la mouvance des fab-labs actuels en bibliothèque. Grâce à la collaboration des professeurs de maroquinerie (dons des chutes de cuir de l’atelier, prêt de planches de découpes et d’outils), l’atelier des «Durs à cuir» a rapidement pris de l’ampleur et la fréquentation n’a pas faibli. Cet atelier a également trouvé un écho numérique par la création d’une page Facebook administrée par le professeur-documentaliste (https://www.facebook.com/profile.php?id=100005901795903) et où les participants peuvent déposer des photos de leurs créations ou des vidéos sur le cuir et ses techniques.

Par ailleurs, j’ai constaté que le regard que portaient les élèves sur les rôles du CDI et du professeur-documentaliste, ainsi que la proximité des livres sur les rayons, ont permis de faire venir les jeunes dans l’univers du livre et de les familiariser au point que certains sont devenus des emprunteurs réguliers.

Au final, beaucoup de perspectives peuvent être tracées et de nombreux projets ou changements peuvent encore être réfléchis, sans pour autant se départir des missions fixées d’emblée, pour mieux adapter le CDI et le professeur-documentaliste à leur public. En effet, pour les jeunes d’aujourd’hui, le changement est un élément de la vie quotidienne.